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HCL : deux victoires inédites contre l’antibiorésistance

Deux patients des HCL atteints d’infections ostéoarticulaires sévères ont été traités avec succès grâce à des phages. Une procédure qui reste exceptionnelle en France et très encadrée mais représente un espoir contre les infections résistantes.


Utiliser des virus inoffensifs pour l’homme pour se débarrasser de bactéries résistantes : c’est le principe de la phagothérapie. Née il y a un siècle, cette thérapie avait été abandonnée en Occident au profit de l’antibiothérapie mais elle apparaît aujourd’hui comme un espoir face à l’antibiorésistance. Cependant, comme les bactériophages sont des organismes vivants, leur utilisation reste très encadrée en France. 


Après une étude clinique sur les patients brûlés – à laquelle a participé l’hôpital Saint-Joseph Saint-Luc et qui doit être publiée prochainement – l’utilisation des phages pour soigner des patients à titre « compassionnel » peut être autorisée par l’Agence nationale du médicament. La procédure reste exceptionnelle : un patient a été traité en 2015 et un autre en 2016. Cette année, deux patients ont été traités, tous les deux à Lyon, au Centre de référence des infections ostéo-articulaire complexes (Crioac) de l’hôpital de la Croix-Rousse. C’est la première fois que des phages fabriqués en France, par la société Pherecydes Pharma, sont utilisés pour traiter ces infections sévères qui ne parvenaient pas à cicatriser.

Le premier patient était infecté par une bactérie pseudomonas aeruginosa résistante à plusieurs antibiotiques, après avoir reçu du ciment dans l’articulation sacro-iliaque attaquée par des métastases osseuses. La seconde patiente avait contracté trois bactéries, dont un staphylocoque doré, après la pose d’une prothèse de hanche. Dans les deux cas, les patients ont été réopérés, leur plaie a été nettoyée et c’est juste avant de la refermer que les phages ont été injectés via une seringue. Ces deux patients ont alors vu leur cicatrice se refermer rapidement.

Mais dans les deux cas, la phagothérapie a donc été administrée en complément de la chirurgie et d’une antibiothérapie. « Elle est intégrée dans une stratégie globale pour maximiser les chances de succès dans ces infections complexes et très hétérogènes », explique le Pr Tristan Ferry, responsable du Crioac. « Les phages ne sont pas forcément concurrents des antibiotiques. Ils peuvent être complémentaires et même aider les antibiotiques à retrouver leur efficacité », souligne Guy-Charles Fanneau de la Horie, président de Pherecydes Pharma.

Partenaires au sein du projet Phosa, la société et les HCL veulent lancer des études cliniques. Pherecydes Pharma espère ainsi obtenir, d’ici 2 à 3 ans, des autorisations de mise sur le marché pour ses traitements à base de phages contre les infections respiratoires, les infections ostéoarticulatoires et les ulcères diabétiques.



                       Article rédigé par Sylvie Montaron et publié dans Le Progrès

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