ARTICLE 3

A Lyon, les HCL mettent au point des virus pour lutter contre les bactéries résistantes



A Lyon, les Hospices Civils de Lyon ont reçu 2,85 millions d'euros afin de développer des virus guérisseurs capables de lutter contre des bactéries résistantes aux antibiotiques.


La phagothérapie, ça ne vous dit peut-être rien et pour cause : cette méthode de traitement, qui utilise des virus naturels, de phages, pour traiter des infections bactériennes, n’est pas autorisée sur le marché français. Cette méthode est pourtant connue de la Géorgie, où les établissements de Tbilissi, dans la capitale, s’en servent quotidiennement. 

Pourtant, les Hospices Civils de Lyon (Rhône) ont reçu une subvention de 2,85 M d’euros de l’Agence Nationale de Recherche (ANR) afin de développer ce traitement novateur. 


Un développement novateur 

La phagothérapie était interdite car elle a perdu son autorisation réglementaire. Cependant, la déclaration d’Helsinki, en 1964, autorise l’utilisation d’une forme thérapeutique qui n’a pas toutes les autorisations lorsqu’il n’existe aucune autre alternative. 

Pour l’heure, cette méthode s’utilise dans un cadre compassionnel aux HCL. « Les seuls patients à prendre des phages, c’est ça ou on a plus d’options pour les traiter« , explique Frédéric Laurent, le microbiologiste et Chef de service de Bactériologie au sein de l’Institut des Agents Infectieux à Lyon.

« L’ANSM n’autorise pas, mais elle n’interdit pas non plus pour ce cas. Il n’y a aucun essai clinique« , souligne-t-il.

Impossible pour la France d’exploiter les phages géorgiens, car ils ne répondent pas aux normes européennes et françaises. Mais les Hospices civils de Lyon ont recommencé à étudier ce mode de traitement depuis 2017, avec 26 patients traités, dans un cadre spécifique.


Trois bactéries en ligne de mire

Le projet, connu sous le nom de Phag-One, cible trois bactéries : on les nomme couramment Staphylocoque doré, la plus connue, et Staphylocoque blanc. La dernière, l’escherichia coli, est souvent responsable d’infections urinaires persistantes.

« Les deux staphylocoques, c’était logique qu’on les étudie, car on cherche à guérir en priorité des maladies liées à ces bactéries au niveau des prothèses de genou et de hanche« , explique le professeur.

Quant à l’escherichia coli, c’est une autre famille de bactérie, très résistante aux antibiotiques. « Le but reste de créer une synergie avec les antibiotiques, de les adjoindre, même si on peut utiliser un couplage de phages seul », dit-t-il.

« Le fait d’utiliser des virus qui n’infectent que les bactéries, sans effet secondaire, donne une chance à ces patients », lance le professeur.


Deux ans avant le premier traitement

Avant que le premier patient ne reçoive son injection, le professeur estime qu’il faudra un délai de deux ans. Le professeur sera en équipe avec le professeur Tristan Ferry, infectiologue et Chef de service adjoint du service des Maladies Infectieuses et Tropicales. 

Durant ce laps de temps, d’autres spécialistes se joindront à eux. Des microbiologistes chercheront les phages, avant de les isoler et de les caractériser, pour ensuite les produire. Les pharmaciens prendront le relais pour les purifier, avant que les cliniciens puissent proposer une injection aux patients.


Aucune volonté de commercialisation

« On produira des phages purement académiques. L’idée, c’est d’avoir une production académique, hospitalière, il n’y a pas de volonté de commercialiser« , amène-t-il.

Le centre de Lyon a déjà commencé à étudier les phages et pourra ensuite bénéficier de partenariats à Grenoble ou Paris, puisque la capitale détient une collection de souches de staphylocoques. 

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                        Article rédigé par  Emmanuelle Lacheny et publié dans ActuLyon

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